Excursion aux îles des princes, au large d’Istanbul
Cet article fait partie d’un voyage plus long qui, au départ de Bruxelles, nous mène vers le Mont Ararat, au fin fond du Kurdistan. Istanbul est notre quatrième étape. Nous y sommes restés une semaine. Un jour, nous décidions de partir en excursion sur les iles des princes.
Au sud du Bosphore, dans la mer de Marmara, se trouve un petit archipel appelé les iles des princes. C’est sur ces petits îlots que, du temps de l’époque byzantine, les princes résidaient à l’abri du tumulte. C’est aussi le lieu où se retrouvaient les parias de l’époque, des nobles chassés de la cour aux pirates trouvant dans ce spot un lieu propice où s’établir.
Plus tard, dans le courant du 19e, les iles des princes devinrent l’endroit où se retrouvait la jet-set stambouliote. Des nos jours, c’est une zone à l’afflux touristique important, en grande partie turc. Il est donc conseillé de s’y rendre en dehors des week-ends et congés scolaires locaux.
Comment aller aux iles des princes ?
Composées de 9 ilots, il est possible de se rendre aux iles aux princes dans 4 d’entre eux via des ferrys. Ces 4 iles sont Kinali Ada, Burgaz Ada, Heybeli Ada et Büyük Ada. De nombreuses liaisons existent entre les îles, ce qui permet de passer de l’une à l’autre assez facilement. Il est également possible de se rendre à la petite Sedef Ada via la grande Büyük.
Plusieurs compagnies proposent le trajet, dont la publique Sehir Hatlari. Si elle demeure la moins chère, elle est souvent bondée les week-ends et jours de fête, ce qui implique de faire des files très longues. Plusieurs compagnies privées, un poil plus cher, permettent de prendre des bateaux moins remplis. Parmi elles : Mavi Marmara, Turyol, Dentur Avrasya.
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Les départs se font depuis bon nombre de ports d’Istanbul. Les « principaux » sont à Eminönü, dont un bateau part environ toutes les heures, et Kadiköy, qui est souvent l’étape obligée pour les trajets depuis la partie européenne. Mais il est aussi possible de prendre le large en partant de Karaköy, de Beşiktaş, de Yenikapı ou encore de Bostancı, beaucoup plus à l’Est. Selon le point de départ et la destination, le temps de trajet varie de 50 min à 2 h.
Pour les prix : en 2022, le trajet était de plus ou moins 10€ l’aller-retour (plus de 320 lyres turques).
Büyük Ada, « la Grande île »
Nous avons opté pour l’île principale, Büyük Ada, « la Grande île ». En plus d’être la plus vaste, elle est aussi la plus peuplée et la plus fréquentée par les touristes. Nous partons de Kadiköy et la traversée dure 1 heure environ. Le port de Büyük Ada est un petit village de plaisance, où les eaux caressent une digue jonchée de restaurants vue-sur-mer à n’en plus finir. À cela, s’ajoutent les hôtels et les boutiques de souvenirs.
Rapidement, nous partons dans les hauteurs pour trouver davantage d’authenticité. L’île est dominée par deux pics, et bientôt nous quittons les maisons pour pénétrer dans la partie boisée. L’îlot fut le lieu d’exil de nombreuses impératrices byzantines. On y retrouve le monastère grec de Hagios Georgios Koudonas, en français Saint-Georges des cloches, qui fut fondé au 10e siècle. La légende raconte qu’un berger surveillant son troupeau entendit un son de cloche provenant des tréfonds de l’île. Creusant la terre, il tomba sur une icône de Saint-Georges, qui fut enterrée pour protéger les monastères des catholiques lors de la quatrième croisade. Une copie se trouve encore dans le monastère, mais l’original est à l’église du patriarche de Fener.
L’orphelinat et la plage
On progresse sur l’île par des chemins à travers les bois. Des bancs de cigognes volent au-dessus de nos têtes. Parvenant à la crête, nous arrivons à l’orphelinat orthodoxe grec. Le bâtiment, de grande envergure, serait la plus vaste construction en bois d’Europe et la deuxième du monde. Il fut construit en 1898 par une société française et était originellement dédié à un casino. Le sultan Abdülhamid lui refusa cette utilisation, et une femme récupéra la construction pour en faire un orphelinat. Aujourd’hui, le bâtiment est interdit au public pour cause de restauration.
A la recherche d’une plage, nous arrivons à celle de Yörükali, située au Sud d’un petit promontoire à l’Ouest de l’île. Malheureusement, un hôtel éponyme l’a privatisée et, en plus de la rendre payante, l’a affreusement aménagée au point d’en faire une plaque de béton. On repart donc vers les hauteurs, traversant ce qui ressemble à des fermes et à des pâturages. Au sommet se trouve une terrasse, devant un spot où se retrouvent les moto-taxi et les phaétons (un genre de calèche du coin). Grâce à ces derniers, il est possible de se déplacer facilement à travers l’île pour une poignée de lyres. Après avoir mangé quelques mezzes, on repart à motocyclettes jusqu’au village du port.
Burgaz Ada
Si vous cherchez une île moins construite et plus calme, c’est probablement sur celle-ci qu’il faut se rendre. Il est possible de longer la rive droite depuis l’embarcadère, ce qui permet de se remplir les naseaux d’iode et de parvenir à la mosquée octogonale. Aller vers le centre de l’île requiert de passer par des pentes assez raides.
Quitter les iles des princes
Les trajets retour sont en général moins bondés que ceux de l’aller. Sur le rivage de Büyük Ada, on prend des bières et on s’installe en bord de mer, en attendant l’arrivée du prochain ferry. Des musiciens jouent des musiques traditionnelles. En face de nous, se trouve l’étendue interminable d’Istanbul dont on ne distingue que la partie orientale. Au plus loin où le regard se porte, se trouvent les quartiers autour de Bostancı, qui déjà peuvent être considérés comme faisant partie de la banlieue d’Istanbul. Plus loin à l’Est, encore des amas de gratte-ciel, ceux du district de Kartal, noyau au centre d’une concentration urbaine. Un centre-ville loin du centre-ville. La métropole d’Istanbul s’est agrandie de l’absorption des centres urbains avoisinants, allant jusqu’à Gebze à ses confins Est. Ces phénomènes de conurbation sont ce qui distingue une grande ville d’une mégapole.
Nous reprenons le ferry vers Kadikoy. Une splendide lune rouge brille dans le ciel, faisant de la voûte céleste une estampe japonaise.
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