Urbino: découverte de la petite ville au cœur des Marches

Situé sur une colline en pleine campagne, Urbino toise les pentes de plus en plus abruptes et les sommets de plus en plus hauts des premiers contreforts des Apennins. La ville, toute faite de briques en terre cuite, semble sculptée à même la colline, comme si la roche fut puisée dans son substrat puis ciselée jusqu’à ce qu’elle forme les palais, les églises, les murs et les maisons.

C’est lorsqu’on arrive à la gare des bus qu’en première instance on déchante un peu. Un grand parking couvert se situe en contrebas, et, prenant un ascenseur, on débarque dans un centre commercial, creusé sous le village. Ce premier contact est décevant et fait presque passer Urbino pour un décor de carton-pâte. Toutefois, un second ascenseur nous mène à la surface, et le charme des rues, des boutiques, des restaurants et des placettes nous fait rapidement oublier la désillusion de départ.

Découverte de la ville

Urbino est située dans la région des Marches en Italie. La ville est célèbre dans la région pour sa beauté, pour l’éclat de ses façades et son architecture renaissance. Elle fut construite sous l’influence d’un certain Federico da Montefeltro, qui fut condottiere et duc du patelin dans le courant du XVe siècle. Son style est semblable à de nombreuses villes et villages qui égrènent les régions rurales italiennes. Ce qui marque le plus, c’est l’écrasante taille du palais Ducale, trônant au sommet et adossé à la cathédrale, dont l’amplitude disproportionnée face aux autres bâtiments ne l’empêche pas de s’inscrire dans leur parfaite continuité. 

Soirée près du Teatro Sanzio

Le soir pointe sur la campagne, et nous prenons un verre en terrasse, au Caffè del Teatro. Nous n’avons aucun logement réservé, ni même une idée d’où nous pourrions dormir. Équipés de nos tentes, nous nous préparons à dormir dans un campement improvisé, là où un espace tolérera notre présence le temps d’une nuit. C’est avec cette idée en tête et sirotant un spritz que nous sommes abordés par un homme, jusque-là attablé seul non loin de nous. Il est Brésilien et vit à Urbino depuis qu’il a rencontré sa femme, une Sicilienne avec qui il s’est marié, et qui a hérité par sa grand-mère d’une maison ancienne au cœur de la vieille ville. Il nous propose l’hospitalité, en plus de nous convier à une représentation se donnant dans le petit opéra de la ville.

Adresse du bar : Caffè del Teatro, Corso Giuseppe Garibaldi, 88

Nous passons ainsi la soirée au Teatro Sanzio, un bel opéra de style italien, assistant au spectacle d’une troupe américaine, qui, mêlant leurs voix modelées comme des cuivres, fabriquent de superbes harmonies. Nous allons ensuite souper dans une pizzeria, puis allons boire quelques cocktails sur une terrasse posée dans une ruelle ascendante. Enfin, nous passons la nuit dans une maison ancienne dans le cœur d’Urbino, à l’intérieur rénové mais toujours superbe.

Notre visite d’Urbino

Empruntant une petite porte disponible depuis la cave de la maison, nous déboulons sur une ruelle étroite, la santa chiara, longeant la façade de l’Institut supérieur des industries artistiques. De là commence notre déambulation dans la ville.

À Urbino, les dénivelés sont partout. La ville s’étend sur deux collines et sur le vallon qui les sépare. Au faîte de celle située à l’ouest, il y a la forteresse d’Albornoz. En face, le palais Ducale et la cathédrale di Santa Maria Assunta.

Le palais Ducale d’Urbino

À l’origine, l’édifice fut une résidence prestigieuse apte à accueillir les exigences feutrées de la noblesse de l’époque. Federico da Montefeltre en fit un haut lieu artistique du Quattrocento italien. Mais les velléités politiques, notamment celle d’unification de Césare Borgia début 16ème, entrainèrent sa capture. Par la force des choses, elle devient une forteresse. 

Culminant à 460 mètres d’altitude, le palais domine la vallée de Foglia. Il est façonné de deux tours crénelées et de loggias superposées entourant des cours intérieures. Son architecture présente des fortifications.

À l’intérieur, un cortile arbore des tableaux signés Raphaël, Titien, Paolo Uccello, entre des héraldiques en tout genre. On trouve aussi une bibliothèque, ainsi que le studiolo, le cabinet personnel du duc. Les murs de ce dernier sont recouverts de marqueteries sophistiquées, figurant des instruments de musique, des livres, des objets divers emplis de symbolique. Le but de ces représentations fut de mettre en avant les vertus qu’on accordait à un prince, comme la piété, l’érudition, la force militaire. On trouve aussi les représentations de toute la clique d’hommes illustres de l’époque, comme Dante, Prétarque, Platon, Saint-Augustin et Aristote, et des paysages aux perspectives lointaines, élargissant visuellement l’espace de cette pièce exigüe.

Dans le palais se trouve la galerie nationale des Marches, où l’on peut trouver des nombreuses œuvres d’artistes de la cour de Federico da Montefeltro.

Le ticket standard est à 12€

Horaires: 8h30 à 19h15

Les ruelles d’Urbino

Entre le palais et la cathédrale se niche la place Duca Federico. Nous y restons un moment pour profiter de l’ombre, assis sur un muret. Nous poursuivons ensuite la balade par la via Puccinotti. On y trouve des commerces de souvenirs, des librairies, des magasins de céramiques, des boutiques de bijoux, des focacceria et piadineria.

Nous déboulons bientôt sur la piazza della República. Adjacente, ceinte par le couvent San Francesco, la piazza du même nom est couverte de terrasses, de restaurants et de bars, à l’ombre des 6 arbres plantés là. Nous prenons un expresso et une viennoiserie à la caffetteria F.lli Boni.

Adresse: Caffetteria F.lli Boni, Via Raffaello, 19

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La forteresse Albornoz

Située au sommet du Monte di San Sergio, la forteresse d’Albornoz est un grand rectangle de pierre au milieu d’un terrain vague. Sa visite pourra intéresser les curieux de l’histoire de la région mais s’y rendre permet surtout d’accéder au plus beau panorama possible sur Urbino.

D’ici, la ville est sous son plus beau profil : le palais ducal en plein centre, dominant les amas de maisons qui s’accrochent aux pentes. Aux alentours, les prairies dorées et verdoyantes des Marches, et au loin les Apennins, le tout sous un ciel bleu éclatant.

Les ruelles escaliers

Prenant la via dei Maceri puis dévouchant sur la via Santa Margherita, nous nous retrouvons face à des ruelles escaliers, comme la Piola Santa Margherita. Les emprunter permet des points de vue époustouflants sur la colline d’en face. 

Trattoria puis départ d’Urbino

Nous rendant vers le parking bus, nous faisons halte dans un restaurant pizzeria caché de la via Nuova, le Locanda del Blasone. Dans son décor traditionnel, on y mange des spécialités, comme des tagliatelle à la norcina (pâtes aux champignons, à la saucisse et à l’huile de truffe) sur des tables en bois recouvertes de nappes blanches à motifs fleuris.

Adresse: Locanda del Blasone, Via Nuova, 3