Il est possible de se lancer dans une multitude de randonnées depuis Gerardmer, . Lors de mon passage dans les Vosges, j’ai en fait une très belle. Partant du lac de Lispach, elle permettait de rejoindre celui de Longemer puis de Retournemer, et enfin les Etangs des Feignes. Une journée était nécessaire pour cet itinéraire qui n’est qu’une portion de la « randonnée des 5 lacs », proposant une boucle encore plus longue.

Info pratiques

Itinéraire

Point de départ de la randonnée

Une trentaine de minutes de routes sont nécessaire depuis Gerardmer pour arriver au point de départ de la randonnée. Aux abords du lac de Lispach se trouve un petit parking gratuit. Lors de notre passage, peu de voitures y étaient garées.

Pour commencer la rando, il faut traverser la petit écluse et suivre le sentier dans les bois.

Récit de la randonnée

Le lac de Lispach

C’est dans une ambiance de brume épaisse que débute la marche. Le lac de Lispach est une toile de mystère. Ses eaux ne font miroiter que du coton, et c’est à peine si dans ce silence de plomb l’on distingue les arbres d’en face.

On prend un petit sentier à son bord qui nous ouvre les profondeurs de la forêt. Les pentes s’inclinent et lorsque la sueur commence à s’installer sur l’épiderme, nous prenons conscience de notre altitude.

Au travers des ouvertures de la frondaison, des conifères et des conifères, de l’étendue forestière qui joue aux montagnes russes. Parfois, on devine que la colline en vis-à-vis est creusée de cavités, de grottes humides et inaccessibles.

Le lac de Longemer

Nous passons le col de la Mine et voilà que le lac de Longemer s’invite dans le décor. Bien qu’y voir une longue mer serait excessif, le lac demeure un long bassin élancé entre deux collines. Alimenté par la Vologne, il est un large intermède de tranquillité dans son cours. Ses berges sont de petits bosquets que caressent des vaguelettes timides. Les canards paradent en bande, glissant sans bruit sur la surface ou au contraire jouant leur tintamarre à l’unisson.

La petite chapelle Saint-Florent, isolée à son bord, est comme un ermitage à l’écart du monde. En s’y rapprochant, on déboule toutefois sur la zone d’urbanité des alentours de Xonrupt-Longemer. Nous quittons rapidement la compagnie des routes pour gravir la Roche Boulard. Une fois la crête atteinte, on profite des belvédères avec vue plongeante sur le lac.

D’ici, on contemple toute la vie alentour. Les bandes de canards qui se la coulent douce, la Vologne qui continue sa course sans en faire des caisses, la chapelle toujours aussi seule, et un petit hameau qui s’accorde avec le silence des environs.

On s’assied là un instant. On s’arrête et on profite, accueillant ce moment en suspension où le spectacle de la quiétude et de l’inertie semble avoir colmaté toutes les fuites du temps.

Le lac de Retournemer

On redescend ensuite dans la vallée pour longer le cours de la Vologne. Passé quelques campings et petits hameaux, on retrouve le couvert des arbres. La cascade de Retournemer nous accompagne lors d’une courte ascension, puis nous longeons le lac du même nom avant de repartir à l’assaut de la colline.

On y émerge dans un vallon, où se situent les Etangs des Feignes sous Vologne. On suit quelques instants la route de Lispach avant de reprendre un chemin forestier.

Sentier vertigineux

Après quelques kilomètres, nous sommes face à l’entrée d’un nouveau sentier, facultatif et marqué d’un avertissement pour ceux qui l’empruntent. Apparemment, c’est pentu et parfois traitre. On décide tout de même de s’y lancer.

Rien de bien compliqué au final, bien que certains passages pourraient rebuter les angoissés du vide. Par contre, il est de loin le plus beau tronçon de la randonnée.

Face aux dangers annoncés, on prend soin de se surveiller les uns les autres. On évolue chacun à distance raisonnable pour ne pas se perdre de vue. Lorsqu’un tourant s’opère, ou qu’une végétation trop touffue éclipse quelqu’un du champ de vision, on s’assure de sa présence par un appel. Notre trio bien rodé effectue la traversée sans encombre. Les sentiers sont parfois boueux, parfois recouverts de pierres. On contre la fourberie des passages les plus délicats par un tâtonnement minutieux du sol à chaque pas. Certains tronçons sont traversés de racines. Elles fabriquent des escaliers naturels qui apparaissent comme des récompenses pour les épreuves passées.

Boucle jusqu’à Lispach

On traverse ainsi, pendant une demi-heure environ, les larges pentes accidentées de la colline, qui se terminent dans des ravines et des crevasses. Ici, la gravité dessine le paysage, la chute devient la règle du jeu. On croise des rochers dont on espère qu’ils ont achevé leur course. Certains arbres, après s’être superbement ramassés la tête la première, dévoilent les secrets de leurs souches. 

Le sol est jonché de branchages et de chutes en tout genre. Un formidable élagage en somme, et un sacré cimetière organique, le tout recouvert de mousse. Festin de parasites dont émane l’onctueuse odeur de l’humus.

L’aval, quant à lui, est un balcon qui donne sur le monde. La colline d’en face est recouverte de soleil. Les décors spectaculaires se présentent à tour de rôle, jusqu’au dernier, le plus beau, sur le lac de Lispach. On croirait découvrir un secret bien gardé au cœur des bois, mais une fois descendu une centaine de mètres, la réalité nous confronte. En amont du lac s’étend une station de ski, et les forêts ont été rasées pour permettre le passage des téléphériques.