2 jours à Budapest: escale immersive au bord du Danube
Bruxelles – Mont Ararat sans avion, partie 2
Cet article, qui relate le récit de mes 2 jours passés à Budapest, fait suite à la partie 1 consacrée au début du voyage vers le Mont Ararat : le départ de Bruxelles, le passage à Munich et le voyage à travers les Alpes autrichiennes. Partant de Vienne, le train arrivait à destination de Budapest.
Il est parfois des jours où l’on peine à réaliser que le matin fut de la même journée que le soir. Il est à peine 18 heures et déjà ai-je l’impression d’avoir vécu plusieurs jours depuis le départ. Pourtant, c’était il y a exactement 24 heures.
À Budapest, on campe dans un espace de camping réservé aux motards. Une grande maison avec jardin auxquels s’ajoutent quelques aménagements. Le soir pointe, mais nous décidons que la journée n’est pas finie. Passé un certain stade, la fatigue n’est plus désagréable. Elle rend le corps léger. Nous partons donc pour le centre-ville.
Dans le bus qui nous y mène, les fenêtres sont ouvertes. On y reçoit la caresse de l’air chaud et les senteurs de la ville. Les fenêtres des transports sont toujours ouvertes, ce qui change des bus climatisés. Un simple détail qui transforme toute l’expérience des déplacements. On se sent moins déconnecté de l’extérieur. On peut même passer sa tête à travers la vitre pour le voir défiler.
Quoi faire lorsqu’on a 2 jours à Budapest ?
Ma philosophie de voyage est un mix entre organisation et improvisation. Je répulse les programmes tout fait, mais je crains tout autant de rater quelque chose que j’aurais adoré voir. J’ai donc souvent une liste en tête, une estimation de leur durée, et le reste s’improvise au jour le jour. Pour débuter, le premier soir est une bonne occasion de flâner dans le centre ville pour en ressentir le pouls.
Nous passons ainsi la soirée dans un genre de food court célèbre de Budapest : le street food Karaván. Entre sushis-burgers-pizzas, je trouve à goûter une spécialité locale, le goulash, servi dans un pain vidé de sa mie. Bon, réconfortant et copieux. Il me reste encore à goûter les fameux kürtőskalács, qui m’ont tout l’air d’être l’équivalent des Belgian waffles qui parsèment les quartiers autour de la grand-place de Bruxelles.
Visite du ruined bar de Szimpla Kert
On finit la journée dans un de ces fameux ruined bars : le Szimpla Kert. Apparence de spot d’urbex, mais c’est un bar dansant. Plusieurs étages sont disponibles autour d’une cour intérieure, dans lesquelles on peut déambuler librement. On traverse des couloirs, des pièces, des livings. Les murs sont recouverts de tags et de messages. À l’étage, un film psychédélique est projeté, sous le regard d’yeux rouges et de pupilles dilatées.
Au rez-de-chaussée, près du bar, se donne un concert. Une bande de mecs occupe la scène comme s’ils étaient les seuls habitants de cette terre. Ils bousculent, parlent fort, postillonnant à tue-tête leur anglais outre-Atlantique. Je décide d’aller me prendre à boire. Une demi-heure de file pour une bière à 7 euros. Après concertation avec les autres, je décide que j’ai mon compte pour aujourd’hui.
Les bords du Danube
Le lendemain, nous faisons une longue marche au bord du Danube. Sur la rive d’en face, les contreforts des collines de Buda arborent des édifices étranges et des châteaux fantastiques. Cette partie Ouest est l’ancienne capitale hongroise, qui a fait jonction avec la ville de Pest pour donner la fusion qu’on connaît aujourd’hui. Une chance que les deux particules n’aient guère contenu plus de deux syllabes (une fusion Villers-le-Gambon-Perros-Guirec aurait été foutrement moins efficace.).
On longe enfin le superbe Parlement. Dans mon imaginaire de touriste ignorant, il est à Budapest ce que l’Empire State building est à New-York. Un peu cliché, sans doute, ce qui n’enlève rien à la beauté de ce bâtiment que l’on reconnaîtrait entre mille.
Nous traversons le pont et faisons un détour par l’île de Sziget. C’est ici que se donne tous les ans la folie du festival éponyme. Sans ces festivités, l’île n’est pas davantage qu’un parc abritant des infrastructures sportives et des fontaines.
Les termes de Gellert
Budapest est réputée pour ses bains. Il en existe une multitude. De notre côté, on ne s’est pas trop foulé, et on a opté pour un des plus célèbres : les termes de Gellert. Ils s’étendent sur un espace intérieur et extérieur dans un beau bâtiment, l’hôtel Gellert. Ici, il est obligatoire d’avoir des slashs. Étant plusieurs à ne pas avoir prévu le coup, commence un jeu du chat et de la souris avec les gardiens. Outre l’hygiène, ces slashes sont importantes pour la sécurité des visiteurs. On en prend douloureusement conscience lorsque tout à coup, marchant pieds nus dans le sauna à 50°, le sol en mosaïque se métamorphose en plancha.
Ma partie préférée reste l’espace dans lequel se trouve une piscine à 40 degrés. S’il est dur de s’y plonger au début, l’immersion dans une eau si chaude finit par faire flancher le cerveau et relaxer tous les muscles. Après avoir joué à l’artichaut bouilli, nous décidons de passer à la cuisson vapeur. Le hammam juste à côté fait suer le corps jusqu’à le vider de toutes les impuretés. Cela étant fait, il ne reste qu’à plonger dans un bassin d’eau froide, une conclusion qui procure un bien-être fou. Nous répétons ce rituel plusieurs fois, jusqu’à être complètement amorphe, défoncé, mais surtout extrêmement détendu. L’efficacité des chocs thermiques sur le corps produit comme un renouvellement de l’esprit.
Sur la colline de la citadelle
Le corps purifié et léger, on profite de la douce chaleur du soir. Nous décidons de gravir la colline de Gellért-hegy jusqu’à la citadelle. Quelques bières locales dans nos sacoches, on s’installe sur un muret, accompagné de la jeunesse hongroise. Face à nous, l’étendue urbaine de la rive droite du Danube, le Parlement, la basilique Saint-Etienne, et les collines lointaines.
Le café impérial
Le lendemain, nous démarrons la journée avec l’idée d’expérimenter un café impérial, apparemment fameux dans la ville. En effet, « impérial » est l’autre nom donné à ces cafés dans le style viennois que l’on peut retrouver un peu partout à Budapest.
Nous nous rendons dans le New-York Café, dont on reconnaît l’entrée par la présence des deux gargouilles tenant à bout de bras des lampadaires. L’intérieur est assez magnifique, richement orné, flanqué de colonnes de marbre et traversé d’arcades arborant des reliefs. Du plafond pendent des lustres de cristal qui scintillent légèrement d’une lueur orange. Dans ce décor de style néo-baroque, où se retrouvaient autrefois artistes et journalistes, y socialise la bourgeoisie hongroise et internationale dans une atmosphère feutrée. Le service est extrêmement guindé. Notre dégaine dénote farouchement avec la prestance du lieu et j’ai soudain l’impression d’être couvert de haillons. On se décide quand même à prendre un petit café, jusqu’à ce que l’ouverture des cartes nous en révèle son prix. Un échange de regards entre nous, une excuse bidon adressée au serveur, et nous voilà dehors.
Le vieux métro de Budapest
Après un café moins cher, on opte pour le Nord de la ville. Pour s’y rendre, nous prenons le métro depuis la station Oktogon, située sur la ligne 1. Plus vieille ligne d’Europe après Londres, on y effectue un petit bon dans le passé. Elle dessert 11 stations grâce à un vieux métro jaune. Chacune dispose encore de son style d’origine (bien que rénové) : piliers d’acier, carrelage, revêtements muraux à carreaux, …
Le château de Vajdahunyad
Arrivée dans le nord de la ville, nous progressons dans le parc Városliget, où se trouve un édifice impressionnant. Le château de Vajdahunyad se compose d’un mélange hétéroclite de styles et d’époques, ce qui en fait un édifice plutôt curieux. En réalité, il fut construit à la fin du 19e siècle dans le but de commémorer le millénaire du peuple Magyar. Il se veut être une synthèse des différents courants architecturaux ayant marqué la civilisation hongroise.
La place des héros et le Nepraji Museum
Hősök Tere, la place des héros, est une des plus célèbres de Budapest. Marquant l’extrémité Nord de la grande avenue Andrassy, elle est une vaste esplanade où s’érige le monument des millénaires : deux péristyles en demi-cercle et une colonne sur laquelle est perché l’archange Gabriel. Bordant la place, deux musées dressés comme des temples grecs : le Szépművészeti Múzeum, le Musée des Beaux-Arts et le Műcsarnok, le musée d’art contemporain.
Un peu plus loin, au sein du parc Városliget, se trouve le nouveau musée ethnographique. Construit en 2022, il se compose d’une arche renversée traçant une courbe d’1 km de diamètre. Sur chaque aile du bâtiment s’étale un jardin de plantes et d’arbustes. À l’intérieur, on découvre une grande maquette de Budapest.
Le quartier de Vár et le palais de Budavár
Avant notre départ, nous décidons de nous rendre sur la colline à l’Ouest de la ville, dans la partie Buda. Outre la citadelle, s’y trouvent un grand nombre d’édifices curieux. À commencer par le palais de Budavár. Ce château qui était la demeure des rois de Hongrie marque l’entrée du quartier de Vár, couvrant la colline et accessible seulement via un péage.
Dans ce quartier médiéval se trouvent quelques beaux bâtiments, comme la promenade panoramique du bastion des pêcheurs et l’église Mathias. Malheureusement, nous le traversons lorsque des travaux sont en cours, nous révélant qu’une bonne partie des maisons ne sont faites que de toc.
Départ en train de nuit
Cette fois-ci, nous avions prévu le coup. Dès notre arrivée, nous réservions une couchette dans un train vers Bucarest. Ce fut laborieux, car la synchronisation entre le ticket papier et le pass interrail n’est pas toujours évidente, mais au moins avions nous notre ticket de départ. Après 2 jours passés à Budapest, il fut temps de transhumer.
J’ai un amour fou des trains de nuit. D’abord parce qu’ils offrent deux gros avantages. Le premier est le gain de temps. On s’endort dans un pays pour se réveiller dans un autre. Aucune des heures précieuses – car comptées – du voyage ne sont gaspillées dans des transits interminables (Budapest – Bucarest, cela fait 17 heures de train). Nos heures de sommeil sont dès lors doublement investies. Pour la restauration de nos énergies et pour une contraction du temps.
L’autre avantage est l’économie d’un logement, absorbée dans le budget transport. Mais bien plus que ces aspects pratiques, le train de nuit constitue une fin en soi. Partir au crépuscule et filer dans la nuit au travers de territoires inconnus constituent un plaisir fou. Et ainsi en est-il lorsque nous partons vers Bucarest, dans un vieux train, cadencé par le contact régulier de ses roues avec le rail, les couloirs pénétrés par le vent.
Vers Bucarest
Petit à petit, nous pénétrons les profondeurs de la campagne hongroise. À mesure que la nuit s’épaissit, le monde extérieur devient mystérieux et fascinant. Je suis adossé au rebord de la fenêtre et je contemple, fasciné, ces paysages. De temps à autre, le train s’arrête dans de petites gares vides, au milieu de rien, éclairées par un seul lampadaire qui diffuse une lumière jaunâtre.
Je mange avec mes compagnons de voyage dans leur cabine puis on s’enfile quelques bières locales. Je me rends ensuite dans ma couchette, qui se trouve dans une autre cabine. Installé sur ma banquette à côté d’un hublot, je lis des récits de voyage alors qu’un vent chaud me caresse. Parfois, au passage d’un tunnel ou d’un autre train, l’extérieur se met à hurler. Cela aurait pu être dérangeant, mais cela ne fait que me rendre l’instant meilleur. L’ensemble de ces sons, de ces sensations, accompagnant la perspective de pénétrer un pays inconnu, constituent toute l’intensité et la beauté de l’instant. Le ronronnement de la cabine me fait progressivement sombrer.
Dans mon monde idéal, les territoires sont recouverts de lignes de trains de nuit.
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Merci pour ce délicieux voyage ! Ta façon de décrire ce que tu as vécu donne l’impression d’y être avec toi.