Dans le Palais de Topkapi à Istanbul : secrets historiques, trésors impériaux
Considéré comme un incontournable d’Istanbul, difficile de l’esquiver. Difficile de résister à la tentation que provoque sa rubrique de trois pages, notée trois étoiles, dans le guide du routard. On se rend donc dans le Palais du Topkapi, emporté par une sorte d’instinct grégaire, mais aussi il faut le dire, alimenté par l’imaginaire fascinant du lieu. L’édifice qui a accueilli les sultans ottomans pendant plusieurs siècles fut le centre névralgique de l’ancien empire. En quelque sorte, son château de Versailles. Il est de ces lieux qui concentrent le pouvoir, et les quatre murs de ce rectangle de pierre durent en voir défiler de ces sultans, princes, eunuques, courtisanes, janissaires. Ils durent entendre leur lot de ses sombres complots, de ces conversations de couloir et de ces cruciaux conseils restreints, dont la tenue infléchirait les peuples et l’Histoire.
C’est donc une nouvelle fois dans cette optique que je souhaite visiter le Palais de Topkapi. En éclipsant au maximum ses atours de marchandise touristique pour en conserver ce qu’il est réellement : un témoignage réel et foisonnant du passé.
La visite du palais de Topkapi
Comme souvent dans les lieux touristiques de cette ampleur, le palais de Topkapi concentre un afflux de visiteurs important. Les périodes les moins fréquentées restent celles de l’ouverture et du temps de midi, respectivement à 9h et autour de 13h.
Le Topkapi est un large espace délimité par des murs que se partagent une variété de bâtiments, de constructions, de jardins et de décorations. Le harem et le Trésor sont de loin les lieux les plus prisés (avec peut-être aussi le pavillon des reliques sacrées). Commencer d’emblée par leur visite peut être une façon efficace d’éviter les foules.
Le prix de l’entrée est d’environ 15€ pour la visite standard et de 6.5€ pour le harem. Un ticket combiné permet de faire la totale pour un prix réduit (aux alentours de 19€). Bien entendu, il est fort possible que les prix aient évolué. La visite est incluse dans le Museum pass Istanbul, qu’il est possible de se procurer aux guichets flanquant le mur Sud de la première cour, celle des Janissaires.
Le palais des sultans
Le Topkapi fut la résidence principale des sultans, ces personnages hauts en couleurs qui, par le jeu des dynasties, se transmirent les luxes du palais en même temps que les rênes de leur immense empire. L’histoire du palais de Topkapi commence avec Mehmet II, celui qui fit de Constantinople Istanbul, et l’édifice vu passer pléthore d’illustres personnages, des Sélim, des Mourad, des Bajazet. Et des Soliman, dont le premier, qu’on surnomme le magnifique, inaugura un empire Ottoman à son apogée, réunissant sous une même entité politique le désert libyen, les monts Sarawat de la péninsule arabique et les plaines de l’Alföld en Hongrie, et qui poursuivit sa folle extension jusqu’à buter sur Vienne, qui sera pour toujours les limites de son territoire.
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Le palais de Topkapi est un lieu de pouvoir autant que de plaisance, et passer les murs de l’édifice est comme pénétrer l’intimité des sultans. Frénétiquement visité de nos jours, il fut jadis le lieu le plus inaccessible de tout l’Empire. La toute-puissance de ce dernier prenait matière ici, exposant sa richesse au sein d’une structure qui est pourtant loin d’égaler le gigantisme des moquées de Sultanahmet. L’opulence des lieux s’exprime par une ostentation tout en finesse, dans le détail, au travers de la sculpture fine de ses ornementations, de la beauté subtile de ses tapisseries et de ses mosaïques, parsemant les kiosques, les pavillons, les belvédères érigés au gré des lubies royales. La beauté du Topkapi fut un secret bien gardé, dont les 4 murs de pierres ne laissèrent aucun indice aux flâneurs du dehors.
La cour des Janissaires
Première cour que l’on traverse, qui doit son nom au fameux corps d’élite de l’Empire. Constitués d’enfants chrétiens dérobés aux peuples conquis, les janissaires étaient conditionnés à devenir les plus ardents serviteurs du régime. C’est dans cette cour que se trouve la billetterie et l’entrée principale du Topkapi, par la porte du Salut.
Le Harem
Franchir la porte du Salut permet de se retrouver dans la cour des cérémonies. Ici se trouve le harem, une attraction centrale du Topkapi. Sa visite requiert un supplément qui se justifie par l’envergure du bâtiment. Appartements, cours, cuisines, bains, toilettes et celliers constituent cet édifice labyrinthique, large de 300 pièces. Il doit sa construction au fameux Soliman Ier le magnifique. Bien plus qu’un lieu de plaisance, il accueillait une cohorte de gens aux rôles et statuts divers. Y logeait tant la famille du sultan que ses concubines, et y travaillaient servantes, dames d’entretien, nourrices, musiciennes, et toute la pléiade d’individus assignés au bon plaisir de Sa Majesté. Composé uniquement de femmes en dehors des eunuques, tout ce petit monde dormait sur place dans des dortoirs réservés. Autant dire qu’il fallut de la place pour loger tout le monde, et la visite que l’on en fait n’explore qu’une partie dérisoire du bâtiment.
Le musée du palais
Un petit musée jouxte le harem, proposant une clinquante collection d’objets de l’époque. La première partie expose une variété de pièces liées à l’horlogerie, la seconde une riche panoplie d’armes, de casques, de plastrons, incrustés de joyaux et ciselés de motifs.
Les cuisines impériales
De l’autre côté de la cour des cérémonies se trouvent les cuisines impériales. C’est ici que furent confectionnés les mets les plus raffinés, par plus d’un millier d’individus. On imagine bien les pauvres trimeurs, suant dans l’exiguïté étouffante de cet habitacle, s’échinant à sortir des torrents de bectance pour satisfaire les palais délicats de la noblesse ottomane. Les jours de fête, ce sont pas loin de 15 000 plats qui partaient des cuisines. On peut encore y trouver les chéminés, les chaudrons, les plans de travail, …
3ème cour
En franchissant la porte de La Félicité, on accède à la troisième cour. Le noyau dur du Topkapi, où seuls le sultan et ses proches avaient accès. Dans cet espace réduit se trouve une multitude de kiosques et de pavillons. Le pavillon des reliques saintes est le plus convoité, en témoigne le long cordon humain qui cuit au soleil sur 50 mètres. En son sein se trouvent les reliques parmi les plus précieuses du monde islamique (elles sont liées au Prophète et à des califes importants), dont s’est emparé sans ménagement Sélim Ier suite à la conquête du royaume mamelouk.
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Un peu plus avant, vers le rempart nord, se trouve le kiosque de Bagdad. Son intérieur est un magnifique camaïeu de faïence d’Iznik et de boiserie nacrée. Au centre, se trouve un brasero de cuivre, cadeau de Louis XV. Sur la terrasse, le baldaquin du Sultan Ibrahim, un spot qui permet un point de vue idéal sur la corne d’or, le quartier de Karakoy et la tour Galata. Une petite fontaine est là pour bercer l’oreille de l’observateur.
Le trésor du palais de Topkapi
Malheureusement, le trésor du palais de Topkapi, souvent considérer comme le clou du spectacle, est fermé pour travaux lors de ma visite en 2022. Ceux qui ont la chance d’y pénétrer y découvriront un intérieur constitué de 48kg d’or massif, ou pendent des chandeliers incrustés de milliers de diamants, servant de décor au trône des cérémonies, grand fauteuil plaquée or et constellé de pierre précieuses vertes, les péridots.
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Magnifique ! J’adore l’histoire ! Je suis subjuguée par ces belles photos. 300 pièces en tout ? Ou pour 300 concubines ?
300 pièces en tout 🙂 pour les concubines, la famille du sultan, et tout l’attirail de travailleur.euses à son service !
Merci pour ce voyage à Istanbul qui m’a ramené quelques années en arrière et m’a rappelé de très bons souvenirs 🙂
Merci beaucoup pour cet article ! Quel plaisir de découvrir de nouvelles cultures grâce à ce type d’article, surtout quand on n’a pas forcément les moyens de s’y rendre ahaha !
Je découvre ce blog qui résonne particulièrement … une fenêtre de découverte du Monde. Merci pour cet article car la Turquie est sur ma liste de lieux à découvrir 🙏