Visite du Nemrut Dagi, un tombeau dans le ciel
La visite du Nemrut Dagi s’inscrit dans un voyage plus long, de Bruxelles au Mont Ararat. Après être passé en Cappadoce, nous avons loué une voiture à Kayseri et pris la direction de l’Est jusqu’à Malatya.
Quelques conseils en vrac
Malatya est le passage obligé pour se rendre au Nemrut Dagi, du moins si on arrive de l’Ouest. Il faudra compter 2h30 de trajet (pour une centaine de kilomètres). Depuis Malatya, prendre la direction d’Elazig jusqu’à ce que le Nemrut Dagi soit indiqué sur les panneaux.
Il est aussi possible de s’y rendre depuis Kâhta, petite ville près du lac de retenue du barrage d’Atatürk. Si vous arrivez par-là, le trajet jusqu’au mont est d’environ 1h.
Si vous n’avez pas de voiture, des excursions sont organisées depuis la Cappadoce et dans certains hôtels de Malatya.
Tombeau dans les airs
Le Nemrut Dagi, le mont Nemrod, est une montagne qui culmine à 2200 mètres dans le massif de l’anti-Taurus. C’est au sommet de cette montagne que se trouve un tombeau, celui d’Antiochos Ier, qui fut roi d’un petit État situé entre les empires perse et séleucide : la Commagène. À sa mort, il fut enterré sous un tumulus, aujourd’hui toujours inviolé, au milieu d’un décor lunaire.
Trajet jusqu’au Nemrut Dagi
Prenant la direction du Sud, nous partons vers la montagne. On traverse des paysages grandioses. La première partie du voyage nous fait évoluer dans des campagnes reculées, où l’impression de bout du monde se fait de plus en plus prégnante. Il s’y perpétue une agriculture de petite échelle et il est fréquent de croiser un berger, seul avec son troupeau de chèvres, au milieu d’étendues désolées. Bientôt nous quittons les plaines par une route secondaire, dont les lacets s’attaquent aux premiers contreforts du massif. Le soleil est déjà bas dans le ciel, vivifiant les couleurs du monde. Les panoramas deviennent exceptionnels. Une fois arrivé à bonne altitude, se dévoile une mer de montagne qui semble s’étendre jusqu’aux confins Sud de la Turquie.
La route nous fait passer au-dessus d’une grande vallée verdoyante. C’est celle de l’Euphrate. Ce nom a pour moi quelque chose de mythique, tant je l’ai entendu pour désigner, avec son cousin le Tigre, le berceau des premières civilisations. La végétation est ici luxuriante et on comprend vite pourquoi c’est ici que des humains s’installèrent.
Arrivée
Arrivés face à la dernière pente, nous engageons la voiture dans de petits lacets qui zigzaguent jusqu’à parvenir au col. Avant d’atteindre le pic, il faut passer par une entrée : deux gardes dans une petite bâtisse carrée. Il suffit ensuite de franchir une pente caillouteuse pour enfin arriver au Nemrut Dagi. Il est déjà tard, et le ciel est passé au rouge. Cela nous offre des paysages d’un autre monde. Au sommet, on est comme baignée dans un espace hors du temps. Je m’imagine dans une réalité alternative. Autour des statues, pas mal de touristes, en majorité Turcs. À part une petite balustrade, presque pas d’aménagement. Ce n’est pas pour me déplaire, on laisse le lieu respirer.
La vue est réellement incroyable. Plutôt « les vues » car le contour du sommet en offre une multitude, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Au centre de ce pourtour se trouve un grand tumulus, dédié au roi Antiochos Ier de Commagène. Je suis fasciné par le lieu, perdu dans le ciel, autour d’étendues rocheuses et de montagnes qui ont vu des civilisations naitre et s’éteindre. Je ressens presque un vertige. De ces crêtes rocheuses et de ces plaines immuables se dégagent une aura qui plonge le spectateur dans les profondeurs du temps. J’imagine quelqu’un de l’époque du Commagène contemplant ces étendues, ressentant un sentiment similaire au mien 2 millénaires plus tard.
Les statues du Nemrut Dagi
La vue incroyable me fait presque oublier le site en tant que tel. Devant le tumulus de pierre, grand tas conique de roches concassées, se dressent des colosses, tous sont assis dans un siège. La plupart n’ont plus leur tête. Ces dernieres se trouvent posés à leurs pieds. Certaines sont humaines, d’autres animales. Ainsi voit-on un aigle et un lion, qui sont les gardiens du site. Le reste sont des divinités du Panthéon macédonien et iranien : Tyché, Zeus, Apollon, Héraclès. Leur regard de pierre est figé vers l’Est. Ils assistent chaque matin au lever du soleil et contemplent depuis des millénaires le même spectacle.
Nous sommes en toute fin de journée, et chaque minute ici offre au monde une nouvelle palette de couleurs. Le soleil d’un rouge flamboyant n’éclaire déjà plus, et bientôt il est dissimulé par les façades de l’Anti-Taurus. Il fait presque nuit et il est temps de revenir sur Terre. D’ici, la frontière syrienne est toute proche, encore plus l’est celle du Kurdistan. Les grands phares allumés, nous redescendons les lacets, puis prenons la direction de Diyarbakir.
Merci d'avoir lu cet article !
En complément, vous pouvez recevoir gratuitement mon e-book "Voyage en train, à pied, à vélo: Itinéraires et conseils pour voyager sans prendre l’avion"
· Un guide pour préparer votre voyage sans prendre l'avion
· Des idées d'itinéraires en train, en vélo, à pied et même en bateau
· Des techniques pour voyager à prix réduit, sans impact sur l'environnement
· Des références de compagnies de train, de plateformes en lignes, d'agences spécialisées pour préparer vos prochains voyages